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bien douteux, est-ce la charité qui nous conseille d’éviter tout ce qui peut affliger nos semblables. Dans les derniers jours de l’an passé, un éditeur de la rue Royale mit en vente un paroissien d’un style très-recherché, et les annonces publiées par les journaux nous instruisirent que toutes les vignettes qui encadraient le texte avaient été copiées sur d’anciens ouvrages de la même époque, de manière à donner à l’ensemble une précieuse unité de style, mais qu’une exception unique avait été faite relativement aux figures macabres, qu’on avait soigneusement évité de reproduire, disait la note rédigée sans doute par l’éditeur, comme n’étant plus du goût de ce siècle, si éclairé, aurait-il dû ajouter, pour se conformer tout à fait au goût dudit siècle.

Le mauvais goût du siècle en cela me fait peur.

Il y a un brave journal où chacun sait tout et parle de tout, où chaque rédacteur, universel et encyclopédique comme les citoyens de la vieille Rome, peut enseigner tour à tour politique, religion, économie, beaux-arts, philosophie, littérature. Dans ce vaste monument de la niaiserie, penché vers l’avenir comme la tour de Pise, et où s’élabore le bonheur du genre humain, il y a un très-honnête homme qui ne veut pas qu’on admire M. Penguilly. Mais la raison, mon cher M***, la raison ? — Parce qu’il y a dans son œuvre une monotonie fatigante. — Ce mot n’a sans doute pas