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mérites : un mouvement heureux, l’élégance tourmentée du goût florentin, un modelé soigné, surtout dans les parties inférieures du corps, les genoux, les cuisses et le ventre, tel enfin qu’on devait l’attendre d’un sculpteur, un fort bon ouvrage qui méritait mieux que ce qui en a été dit.

Vous rappelez-vous les débuts de M. Hébert, des débuts heureux et presque tapageurs ? Son second tableau attira surtout les yeux ; c’était, si je ne me trompe, le portrait d’une femme onduleuse et plus qu’opaline, presque douée de transparence, et se tordant, maniérée, mais exquise, dans une atmosphère d’enchantement. Certainement le succès était mérité, et M. Hébert s’annonçait de manière à être toujours le bienvenu, comme un homme plein de distinction. Malheureusement ce qui fit sa juste notoriété fera peut-être un jour sa décadence. Cette distinction se limite trop volontiers aux charmes de la morbidesse et aux langueurs monotones de l’album et du keepsake. Il est incontestable qu’il peint fort bien, mais non pas avec assez d’autorité et d’énergie pour cacher une faiblesse de conception. Je cherche à creuser tout ce que je vois d’aimable en lui, et j’y trouve je ne sais quelle ambition mondaine, le parti pris de plaire par des moyens acceptés d’avance par le public, et enfin un certain défaut, horriblement difficile à définir, que j’appellerai, faute de mieux, le défaut de tous les littératisants. Je désire qu’un artiste soit lettré, mais je souffre quand je le vois cherchant à capter l’imagina-