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Des Baigneuses, un peu meilleures que des Duval Lecamus et des Maurin, et un Portrait d’homme qui est d’une bonne pâte.

Voilà les dernières ruines de l’ancien romantisme — voilà ce que c’est que de venir dans un temps où il est reçu de croire que l’inspiration suffit et remplace le reste ; — voilà l’abîme où mène la course désordonnée de Mazeppa. — C’est M. Victor Hugo qui a perdu M. Boulanger — après en avoir perdu tant d’autres — c’est le poëte qui a fait tomber le peintre dans la fosse. Et pourtant M. Boulanger peint convenablement (voyez ses portraits) ; mais où diable a-t-il pris son brevet de peintre d’histoire et d’artiste inspiré ? est-ce dans les préfaces ou les odes de son illustre ami ?

BOISSARD

Il est à regretter que M. Boissard, qui possède les qualités d’un bon peintre, n’ait pas pu faire voir cette année un tableau allégorique représentant la Musique, la Peinture et la Poésie. Le jury, trop fatigué sans doute ce jour-là de sa rude tâche, n’a pas jugé convenable de l’admettre. M. Boissard a toujours surnagé au-dessus des eaux troubles de la mauvaise époque dont nous parlions à propos de M. Boulanger, et s’est sauvé du danger, grâce aux qualités sérieuses et pour ainsi dire naïves de sa peinture. — Son Christ en croix est d’une pâte solide et d’une bonne couleur.