les victoires françaises accompagnées d’un texte. Une de ces estampes figurait la conclusion d’un traité de paix. Les personnages français, bottés, éperonnés, hautains, insultaient presque du regard des diplomates humbles et embarrassés ; et le texte louait l’artiste d’avoir su exprimer chez les uns la vigueur morale par l’énergie des muscles, et chez les autres la lâcheté et la faiblesse par une rondeur de formes toute féminine ! Mais laissons de côté ces puérilités, dont l’analyse trop longue est un hors-d’œuvre, et n’en tirons que cette morale, à savoir, qu’on peut manquer de pudeur même dans l’expression des sentiments les plus nobles et les plus magnifiques.
Il y a un tableau militaire que nous devons louer, et avec tout notre zèle ; mais ce n’est point une bataille ; au contraire, c’est presque une pastorale. Vous avez déjà deviné que je veux parler du tableau de M. Tabar. Le livret dit simplement : Guerre de Crimée, Fourrageurs. Que de verdure, et quelle belle verdure, doucement ondulée suivant le mouvement des collines ! L’âme respire ici un parfum compliqué ; c’est la fraîcheur végétale, c’est la beauté tranquille d’une nature qui fait rêver plutôt que penser, et en même temps c’est la contemplation de cette vie ardente, aventureuse, où chaque journée appelle un labeur différent. C’est une idylle traversée par la guerre. Les gerbes sont empilées ; la moisson nécessaire est faite et l’ouvrage est sans doute fini, car le clairon jette au milieu des airs un rappel retentissant. Les soldats