se sentait autant souillée par le regard que par la main, ressemblât à cette plate marionnette ? Il y a, d’ailleurs, un grand danger dans un tel sujet, situé à égale distance du tragique et du comique. Si Tanecdote asiatique n’est pas traitée d’une manière asiatique, funeste, sanglante, elle suscitera toujours le comique ; elle appellera invariablement dans l’esprit les polissonneries des Baudouin et des Biard du dix-huitième siècle, où une porte entre-bâillée permet à deux yeux écarquillés de surveiller le jeu d’une seringue entre les appas exagérés d’une marquise.
Jules César ! quelle splendeur de soleil couché le nom de cet homme jette dans l’imagination ! Si jamais homme sur la terre a ressemblé à la Divinité, ce fut César. Puissant et séduisant ! brave, savant et généreux ! Toutes les forces, toutes les gloires et toutes les élégances ! Celui dont la grandeur dépassait toujours la victoire, et qui a grandi jusque dans la mort ; celui dont la poitrine, traversée par le couteau, ne donnait passage qu’au cri de l’amour paternel, et qui trouvait la blessure du fer moins cruelle que la blessure de l’ingratitude ! Certainement, cette fois, l’imagination de M. Gérome a été enlevée ; elle subissait une crise heureuse quand elle a conçu son César seul, étendu devant son trône culbuté, et ce cadavre de Romain qui fut pontife, guerrier, orateur, historien et maître du monde, remplissant une salle immense et déserte. On a critiqué cette manière de montrer le sujet ; on ne saurait trop la louer. L’effet en est vraiment grand.