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le soir dans les concerts, aux Bouffes, à l’Opéra ou dans les grands salons. Ces lithographies, que les marchands achètent trois sols et qu’ils vendent un franc, sont les représentants fidèles de cette vie élégante et parfumée de la Restauration, sur laquelle plane comme un ange protecteur le romantique et blond fantôme de la duchesse de Berry.

Quelle ingratitude ! Aujourd’hui l’on n’en parle plus, et tous nos ânes routiniers et antipoétiques se sont amoureusement tournés vers les âneries et les niaiseries vertueuses de M. Jules David, vers les paradoxes pédants de M. Vidal.

Nous ne dirons pas que M. Achille Devéria a fait un excellent tableau — mais il a fait un tableau — Sainte Anne instruisant la Vierge, — qui vaut surtout par des qualités d’élégance et de composition habile, — c’est plutôt, il est vrai, un coloriage qu’une peinture, et par ces temps de critique picturale, d’art catholique et de crâne facture, une pareille œuvre doit nécessairement avoir l’air naïf et dépaysé. — Si les ouvrages d’un homme célèbre, qui a fait votre joie, vous paraissent aujourd’hui naïfs et dépaysés, enterrez-le donc au moins avec un certain bruit d’orchestre, égoïstes populaces !

BOULANGER

a donné une Sainte Famille, détestable ;

Les Bergers de Virgile, médiocres ;