mettre en regard avec l’artiste dans le présent ; et puis le terrible, l’éternel pourquoi se dressa, comme d’habitude, inévitablement au bout de ces décourageantes réflexions. On dirait que la petitesse, la puérilité, l’incuriosité, le calme plat de la fatuité ont succédé à l’ardeur, à la noblesse et à la turbulente ambition, aussi bien dans les beaux-arts que dans la littérature ; et que rien, pour le moment, ne nous donne lieu d’espérer des floraisons spirituelles aussi abondantes que celles de la Restauration. Et je ne suis pas le seul qu’oppriment ces amères réflexions, croyez-le bien ; et je vous le prouverai tout à l’heure. Je me disais donc : Jadis, qu’était l’artiste (Lebrun ou David, par exemple) ? Lebrun, érudition, imagination, connaissance du passé, amour du grand. David, ce colosse injurié par des mirmidons, n’était-il pas aussi l’amour du passé, l’amour du grand uni à l’érudition ? Et aujourd’hui, qu’est-il, l’artiste, ce frère antique du poëte ? Pour bien répondre à cette question, mon cher M***, il ne faut pas craindre d’être trop dur. Un scandaleux favoritisme appelle quelquefois une réaction équivalente. L’artiste, aujourd’hui et depuis de nombreuses années, est, malgré son absence de mérite, un simple enfant gâté. Que d’honneurs, que d’argent prodigués à des hommes sans âme et sans instruction ! Certes, je ne suis pas partisan de l’introduction dans un art de moyens qui lui sont étrangers ; cependant, pour citer un exemple, je ne puis pas m’empêcher d’éprouver de la sympathie pour un artiste tel que Chenavard, tou-
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