pédanterie outrée de moyens, je n’ose en parler. Quelque peu de sympathie que j’aie montré pour M. Ingres au gré de ses fanatiques, je préfère croire que le talent le plus élevé conserve toujours des droits à l’erreur. Ici, comme dans l’Apothéose, absence totale de sentiment et de surnaturalisme. Où donc est-elle, cette noble pucelle, qui, selon la promesse de ce bon M. Délécluze, devait se venger et nous venger des polissonneries de Voltaire ? Pour me résumer, je crois qu’abstraction faite de son érudition, de son goût intolérant et presque libertin de la beauté, la faculté qui a fait de M. Ingres ce qu’il est, le puissant, l’indiscutable, l’incontrôlable dominateur, c’est la volonté, ou plutôt un immense abus de la volonté. En somme, ce qu’il est, il le fut dès le principe. Grâce à cette énergie qui est en lui, il restera tel jusqu’à la fin. Comme il n’a pas progressé, il ne vieillira pas. Ses admirateurs trop passionnés seront toujours ce qu’ils furent, amoureux jusqu’à l’aveuglement ; et rien ne sera changé en France, pas même la manie de prendre à un grand artiste des qualités bizarres qui ne peuvent être qu’à lui, et d’imiter l’inimitable.
Mille circonstances, heureuses d’ailleurs, ont concouru à la solidification de cette puissante renommée. Aux gens du monde M. Ingres s’imposait par un emphatique amour de l’antiquité et de la tradition. Aux excentriques, aux blasés, à mille esprits délicats toujours en quête de nouveautés, même de nouveautés amères, il plaisait par la bizarrerie. Mais ce qui fut