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La Mort de Socrate est une admirable composition que tout le monde connaît, mais dont l’aspect a quelque chose de commun qui fait songer à M. Duval-Lecamus (père). Que l’ombre de David nous pardonne !

Le Bonaparte au mont Saint-Bernard est peut-être, — avec celui de Gros, dans la Bataille d’Eylau, — le seul Bonaparte poétique et grandiose que possède la France.

Télémaque et Eucharis a été fait en Belgique, pendant l’exil du grand maître. C’est un charmant tableau qui a l’air, comme Hélène et Pâris, de vouloir jalouser les peintures délicates et rêveuses de Guérin.

Des deux personnages, c’est Télémaque qui est le plus séduisant. Il est présumable que l’artiste s’est servi pour le dessiner d’un modèle féminin.

Guérin est représenté par deux esquisses, dont l’une, la Mort de Priam, est une chose superbe. On y retrouve toutes les qualités dramatiques et quasi fantasmagoriques de l’auteur de Thésée et Hippolyte.

Il est certain que Guérin s’est toujours beaucoup préoccupé du mélodrame.

Cette esquisse est faite d’après les vers de Virgile. On y voit la Cassandre, les mains liées, et arrachée du temple de Minerve, et le cruel Pyrrhus traînant par les cheveux la vieillesse tremblante de Priam et l’égor-

    rat. Lepelletier Saint-Fargeau était étendu tout de son long sur un matelas. Au-dessus, une épée mystérieuse, descendant du plafond, menaçait perpendiculairement sa tête. Sur l’épée, on lisait :« Pâris, garde du corps. »