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Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon cœur
Que j’ai puni sur une fleur
L’insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais une nuit,
Quand l’heure des voluptés sonne,
Vers les splendeurs de ta personne
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, délicieuse douceur,
A travers ces lèvres nouvelles
Plus éclatantes et plus belles
T’infuser mon sang, ô ma Sœur,





1853


131. À MAXIME DU CAMP.


Lundi 3 janvier 1853.

Je croirais manquer à une injonction de ma conscience en ne vous faisant pas immédiatement part de la joie que m’a causée la lecture de la seconde partie de votre livre [1]. Si vous en faites encore quelques-uns comme celui-là, vous serez

  1. Le Livre posthume, Mémoires d’un suicidé (Lecou, 1853), roman plein de divagations panthéistiques. On sait que Baudelaire se méfiait particulièrement du panthéisme, — au point qu’il n’osa préfacer Eureka, quelque admiration qu’il professât pour cet essai. Voir aussi bien les réserves sur lesquelles prend fin le chapitre iii de sa première étude sur Poe, presque contemporaine de sa lettre à du Camp.