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Cette Ève qui contient en elle son Remède !
Cet homme enviable a trouvé,
Ce que nul n’a jamais rêvé,
Depuis le pôle nord jusqu’au pôle antarctique,
Une Épouse prophylactique ! —


OPINION DE M. HETZEL SUR LE FARO[1]


« Buvez-vous du faro ? » — dis-je à monsieur Hetzel ;
Je vis un peu d’horreur sur sa mine barbue.
« Non, jamais ! le faro (je dis cela sans fiel),
C’est de la bière deux fois bue.

Hetzel parlait ainsi dans un café flamand,
Par prudence sans doute, énigmatiquement.
Je compris que c’était une manière fine
De me dire : « faro, synonyme d’urine ! »


LES BELGES ET LA LUNE[2]


On n’a jamais connu de race si baroque
Que ces Belges. Devant le joli, le charmant,
Ils roulent de gros yeux et grognent sourdement ;
Tout ce qui réjouit nos cœurs mortels les choque.

Dites un mot plaisant, et leur œil devient gris
Et terne comme l’œil d’un poisson qu’on fait frire ;
Une histoire touchante : ils éclatent de rire,
Pour faire voir qu’ils ont parfaitement compris.

  1. Pièce parue pour la première fois dans le Charles Baudelaire, publié chez René Pincebourde, op. cit.
  2. Ibid.