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Vers luisants qui, le soir, étoilez le feuillage ;
Vos prés au grand soleil, petits grillons plaintifs ;

Je sais qui je voudrais cacher sous mes feuillées,
Avec qui secouer dans les herbes mouillées
Les perles que la nuit y verse de ses doigts,

Avec qui respirer les odeurs des rivières,
Ou dormir à midi dans les chaudes clairières,
Et tu le sais aussi, belle aux yeux trop adroits.


AUTRE MONSELET PIALLARD[1]
Vers destinés à son portrait.


On me nomme le petit chat ;
Modernes petites-maîtresses,
J’unis à vos délicatesses
La force d’un jeune pacha.

La douceur de la voûte bleue
Est concentrée en mon regard ;
Si vous voulez me voir hagard,
Lectrices, mordez-moi la queue !


SONNET[2]


Lorsque de volupté s’alanguissent tes yeux,
Tes yeux noirs flamboyants de panthère amoureuse,
Dans ta chair potelée, et chaude, et savoureuse,
J’enfonce à belles dents les baisers furieux.

  1. Nouveau Parnasse satyrique du XIXe siècle, 2e édit. (Bruxelles, 1881). Ce portrait est ainsi intitulé, dans ce recueil, parce qu’il y succède à trois autres pièces sur Monselet.
  2. Les frères Lionnet, souvenirs et anecdotes, Paris, 1888.