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des vieillards impotents pleins de serments, et de rhumatismes. Il n’y a plus de pairie : sifflons sur le reste 1 Sous l’ex-roi, il y avait des soldats barbares, ivres de sang, les municipaux dont la joie était de descendre un homme du peuple. 11 n’y a plus de municipaux : sifflons sur le reste! ’ Sous l’ex-roi, il y avait un cens électoral; moyennant 5oo fr., un imbécile avait le droit de parler à la Chambre; moyennant 200 fr., un bourgeois avait le droit de se faire représenter par un imbécile. Il n’y a plus de cens : sifflons sur le reste! Sous l’ex-roi, il y avait un timbre; une petite gravure large comme un sou qui empêchait les citoyens intelligents d’éclairer leurs frères. Il n’y a plus de timbre : sifflons sur le reste ! Sous l’ex-roi, il y avait un impôt sur le sel, qui empêchait la fertilisation des terres, qui enrayait les socs des charrues. Il n’y a plus d’impôt sur le sel : sifflons sur le reste! Sous l’ex-roi, il y avait des tas de foutriquets, une légion de ventrus, des armées de bornes; tous puisaient à pleines mains dans le coff’re des fonds secrets et s’enrichissaient aux dépens du peuple. Il n’y a plus de foutriquets, il n’y a plus de ventrus, il n’y a plus de bornes que celles des rues. Sifflons sur le reste ! L’Odéon représenta, quelque temps avant la