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Mais l’ex-roi s’en moque. Il ne croit ni à Dieu, ni à Diable. Un verre de Johannisberg, pour rafraîchir le gosier altéré du Juif errant de la Royauté !… Metternich n’a pas le temps. Il a bien assez d’affaires sur les bras; il faut intercepter toutes les lettres, tous les journaux, toutes les dépêches. Et d’ailleurs, entre despotes, il y a peu de fraternité. Qu’est-ce qu’un despote sans couronne? L’ex-roi va toujours de peuple en peuple, de ville en ville. Toujours et toujours, vive la République ! vive la Liberté ! des hymnes ! des cris ! des pleurs de joie! Il court de toutes ses forces pour arriver à temps quelque part avant la République, pour y reposer sa tête, c’est là son rêve. Car la terre entière n’est plus pour lui qu’un cauchemar qui l’enveloppe. Mais à peine touche-t-il aux barrières que les cloches se mettent gaiement en branle, et sonnent la République à ses oreilles éperdues. La tête de Louis-Philippe attire la République comme les paratonnerres servent à décharger le Ciel. Il marchera lontemps encore^ c’est là son châtiment. Il faut qu’il visite le monde, le monde républicain, qui n’a pas le temps de penser à lui. AUX PRÊTRES Au dernier siècle, la royauté et l’Eglise dor-jj maient fraternellement dans la même fange, quand