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L’abbé Faria, dans Monte-Cristo. Rouvière n’a joué le rôle qu’une fois. — Hostein, le directeur[1], et Alexandre Dumas n’ont JAMAIS BIEN COMPRIS la manière de jouer de Rouvière.

Hamlet (par Meurice et Dumas). Grand succès de Rouvière. — Mais joué en Hamlet méridional ; Hamlet furibond, nerveux et pétulant. Gœthe, qui prétend que Hamlet était blond et lourd, n’aurait pas été content.

Méphistophélès, dans le détestable Faust, refait par Dennery. Rouvière a été mauvais. Il avait beaucoup d’esprit et cherchait des finesses qui tranchaient baroquement sur sa nature méridionale.

Maître Favilla, de George Sand. Extraordinaire succès ! Rouvière, qui n’avait jamais joué que des natures amères, féroces, ironiques, atroces, a joué admirablement un rôle paternel, doux, aimable, idyllique. Cela tient, selon moi, à un côté peu connu de sa nature : amour de l’utopie, des idylles révolutionnaires ; — culte de Jean-Jacques, Florian et Berquin.

Le rôle du Médecin, dans le Comte Hermann, d’Alexandre Dumas. — Dumas a été obligé de confesser que Rouvière avait des instants sublimes.

Othello, — dans l’Othello d’Alfred de Vigny. — Rouvière a très bien su exprimer la politesse raffinée, emphatique, non inséparable de la rage d’un cocu oriental.

Et bien d’autres rôles dont je ne me souviens pas actuellement.

Physiquement, Rouvière était un petit moricaud nerveux, ayant gardé jusqu’à la fin l’accent du

  1. Le Directeur du Théâtre de la Gaîté.