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cathédrale de Paris. La manie des cérémonies du culte devient chez lui une fureur ; il se fait le parrain de tous lés enfants, le fossoyeur de tous les morts ; il paie 3o.ooo livres un dais, un chefd’œuvre que le roi avait voulu voir, qu’il avait trouvé trop cher pour l’acheter. Le 17 Juillet 1772, il organise une procession d’une magnificence inouïe ; il avait réuni plus de trois cents prêtres ; il avait acheté plus de dix mille pots de fleurs. La cour et la ville ne parlèrent d’autre chose durant quinze jours. Il s’avise ensuite d’annoncer qu’une croisade nouvelle va avoir lieu ; il s’agit de conquérir la Terre-Sainte ; le marquis invite tous les gens de cœur à se réunir chez lui afin de partir sous ses ordres ; il promet 4oo livres de rente à tous ces volontaires. La police s’opposa à la formation de cette armée. Le marquis avait déjà dépensé 20 millions en pareilles fohes ; sa famille veut le faire interdire, le parlement ne le trouve pas fou ; une lettre de cachet le fait enfermer dans un monastère ; il y mourut d’ennui à trente-trois ans.

Le château de Brunoy, où il avait englouti tant de trésors, devint la propriété d’un frère du roi, devenu plus tard roi lui-même ; lorsqu’il n’appartint plus au comte de Provence, il eut pour maître un roi de théâtre, Talma. Un charcutier dont le nom est bien connu, M. Véro, en est devenu le suzerain après la mort d’Orosmane.