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sérail, lord Baltimore quitta l’Angleterre et se mit en route pour la Turquie, espérant y vivre comme il l’entendrait. Il jouissait de plus d’un million de revenu, et c’est un avantage prisé en tous pays. Malheureusement pour lui, il mourut en route ; à peine âgé de trente ans, il rendit le dernier soupir à Naples.

Le goût passionné pour la chasse, les courses, le sport, est une des faces de l’excentricité. Il se complique d’ordinaire de paris hasardeux proposés, tenus avec empressement. Ici, les exemples fourmillent.

Un amateur s’engage à faire à cheval 5o miles en deux heures (le mile anglais est égal à 1609 mètres) ; un autre à franchir 28 miles en une heure ; un troisième à parcourir 100 miles par jour, et cela durant vingt-neuf jours de suite. On cite avec admiration un cavalier qui se rendit en deux heures vingt-cinq minutes de Gantorberry à Londres (il y a 55 miles et demi) ; on parle d’un autre qui, en 1824, ne mit que cinq heures pour parcourir 90 miles ; il monta cinq chevaux différents.

A côté de ces nouveaux centaures, il est d’infatigables marcheurs dont les jarrets d’acier se plient à d’autres prouesses. Ils sont bien connus sous la dénomination de pédestrians. On en mentionne un qui promit de faire 1000 miles en dix jours, et il les lit. Moins heureux, un de ses émules voulut, en 1818, parcourir 600 miles en dix jours ; à la fin du huitième jour, à l’expiration du 456° mile, il fut dans la nécessité de s’arrêter ; l’année suivante un nouvel athlète se présenta, résolu à tenter pareil exploit ; il en vint à bout, mais il était mou-