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BIOGRAPHIE DES EXCENTRIQUES (i)

Nous allons essayer d’esquisser les traits de quelques-uns de ces originaux dont l’Ang-leterre a cru nécessaire de conserver l’histoire . Si nous tenions à donner une galerie complète, il nous faudrait user dix plumes de fer. Contentons-nous de cryyonner rapidement quelques figures.

Il serait injuste de refuser à lord Byron un brevet d’excentricité ; sa vie est trop connue pour que nous insistions à cet égard ; nous signalerons seulement un de ses amusements favoris. Lorsqu’il était jeune, lorsqu’avant ses voyages il résidait à sa terre de Newstad, amateur passionné de chiens, il avait pour compagnons inséparables deux énormes dogues de Terre-Neuve. Se plaçant dans un bateau avec ses deux amis, le futur auteur de C/zt/cf- Haroldse rendait au milieu d’une vaste pièce d’eau qui faisait l’ornement de son parc et tout d’un coup il se jetait dans l’onde. Aussitôt les deux chiens de le saisir à belles dents par le bras, par la jambe, ou à la gorge et de le ramener à terre en nageant. Il aurait d’ailleurs pu se sauver sans leur aide, car il était un des plus intrépides nageurs de son époque. Emule de Léandre, il traversa l’Hellespont, sans qu’une nouvelle Héro l’appelât


{i) La République da Peuple, almanach démocralique (Paria, chez Prost, i85o). Article anonyme. (V. la Fizelièrc et Decaux, op.cit., I ao.)