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naturelles, vérifiées par Lavater, par la peinture et la statuaire.

Les signes physiognomoniques seraient infaillibles, si on les connaissait tous, et bien. Je ne puis pas ici donner tous les signes physiognomoniques des femmes qui conviennent éternellement à tel ou tel homme. Peut-être un jour accomplirai-je cette énorme tâche dans un livre qui aura pour titre : Le Cathéchisme de la femme aimée ; mais je tiens pour certain que chacun, aidé par ses impérieuses et vagues sympathies, et guidé par l’observation, peut trouver dans un temps donné la femme nécessaire.

D’ailleurs, nos sympathies ne sont généralement pas dangereuses ; la nature, en cuisine comme en amour, nous donne rarement le goût de ce qui nous est mauvais.

Comme j’entends le mot amour dans le sens le plus complet, je suis obligé d’exprimer quelques maximes particulières sur des questions délicates.

Homme du Nord, ardent navigateur perdu dans les brouillards, chercheur d’aurores boréales plus belles que le soleil, infatigable soifier d’idéal, aimez les femmes froides. — Aimez-les bien, car le labeur est plus grand et plus âpre, et vous trouverez un jour plus d’honneur au tribunal de l’Amour, qui siège par-delà le bleu de l’infini !

Homme du Midi, à qui la nature claire ne peut pas donner le goût des secrets et des mystères, — homme frivole, — de Bordeaux, de Marseille ou d’Italie, — que les femmes ardentes vous suffisent ; ce mouvement et cette animation sont votre empire naturel ; — empire amusant.

Jeune homme, qui voulez être un grand poète,