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siècle de décadence (toujours la décadence !) Pièce de rapport encadrée ; industrieuse mosaïque… dépouillant indifféremment Homère, Virgile, Stace et quelques chroniqueurs barbares. Et puis les anachronismes : saint Augustin, né 17 ans après la mort de Constantin, figurant près de lui comme son compagnon de plaisir, — comparaison d’Eudore avec Enée, de Cymodocée avec Pauline… — L’horrible n’est pas le pathétique (le cou d’ivoire de la fille d’Homère brisé par la gueule sanglante du tigre), et patata et patata.

Le premier orateur (Delphine Gay) reprend la parole ; elle croit entendre les blasphèmes d’Hoffmann : "Laissez, je vous prie, vos chicanes érudites. À quoi sert le goût de l’antiquité s’il empêche de sentir tant de belles choses imitées d’elle ?" Aussi bien elle est la seule personne qui parle avec quelque bon sens ; le malheur est que, jalouse du dernier orateur qui avait parlé pendant deux pages et demie, elle s’élance dans les martyrs de nos jours, dans les échafauds de nos familles et dans la vertu de nos frères et de nos pères immolés en place publique pour leur Dieu et pour leur Roi.

Total, trois pages.

Le cercle se rompit, on s’avança de quelques pas sur la terrasse entre l’horizon de Paris et les ombres projetées des vieux créneaux du château de Saint-Germain.

Petite digression sur le dernier des Stuarts. Enfin, une voix prie Mlle Delphine de dire "ce que vient de lui inspirer le tableau d’Horace Vernet".

La jeune fille, dont la grâce naïve et fière égalait le talent, ne répondit qu’en commençant de sa voix harmonieuse ce chant de la Druidesse, dédié au grand peintre