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jeune fille, souriant et s’excusant de n’avoir rien achevé de nouveau, récita seulement, avec la délicieuse mélodie de sa voix, cette stance d’un secrétaire d’ambassade [manière académique de dire Lamartine], bien jeune et bien grand poète, dit-elle :

Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile,

Ainsi qu’un voyageur qui, le cœur plein d’espoir,

S’assied, avant d’entrer, aux portes de la ville,

Et respire un moment l’air embaumé du soir.

Lord Stuart prend la parole et dit que ce repos ne charme pas longtemps les poètes qui ont une fois touché aux affaires ; il espère bien que le Ministère durera et restera compact.

On devine une certaine sympathie du sieur Villemain pour lord Stuart, ce qui s’expliquera peut-être si l’on se reporte au dire de Chateaubriand qui prétend que ce lord Stuart était toujours crotté et débraillé et ne payait pas les filles.

Et puis Mme de Duras prend la parole, comme dans Tite-Live ; elle veut congédier la politique et demande à Capo d’Istria "s’il n’a pas reconnu dans les Martyrs et dans l’Itinéraire le ciel de sa patrie, l’âme de l’antiquité, et, à la fois, les horizons et la poésie de la Grèce".

Et Capo d’Istria prend la parole, comme dans Tite-Live, et exprime cette vérité que Chateaubriand n’est pas Homère, que la jeunesse ne recommence pas plus pour un homme que pour le monde, mais que, cependant, pour n’être pas poète épique, il ne manque pas de grandeur ; que le peintre de Dioclétien, de Galérius et du monde romain avait paru prophétique et vrai ; quand ces peintures du passé éclatèrent aux yeux "on