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n’eut que le temps de montrer de la grandeur, sans naturel et sans vérité : car le goût de la simplicité appartient rarement à la jeunesse, et dans les arts, le naturel est presque toujours le fruit de l’étude et de la maturité.

Plusieurs conjurés furent arrêtés et mis à la torture : ils révélèrent leurs complices. Seule la Courtisane Epicharis fut invincible à la douleur, montrant ce que, dans la faiblesse de son sexe et dans la honte de sa vie, un sentiment généreux, l’horreur du crime, pouvait donner de force et de dignité morale.

Le titre de sa gloire, l’essai et tout ensemble le trophée de son génie, c’est la Pharsale, ouvrage que des beautés supérieures ont protégé contre d’énormes défauts. Stace, qui, nous l’avons dit, a célébré la muse jeune et brillante de Lucain et sa mort prématurée, n’hésite point à placer la Pharsale au-dessus des Métamorphoses d’Ovide, et presque à côté de Virgile. Quintilien, juge plus éclairé, reconnaît dans Lucain un génie hardi, élevé, et l’admet au rang des orateurs plutôt que des poètes : distinction que lui inspiraient le nombre et l’éclat des discours semés dans le récit de Lucain, et où sont exagérés trop souvent les défauts mêmes attachés à sa manière…

Les écrivains français l’ont jugé diversement. Corneille l’a aimé jusqu’à l’enthousiasme. Boileau l’approuvait peu, et lui imputait à la fois ses propres défauts et ceux de Brébeuf, son emphatique interprète.

En dépit des hyperboles et des raisonnements de Marmontel, la Pharsale ne saurait être mise au rang des belles productions de la muse épique. Le jugement des siècles est sans appel.

Rapports académiques.

Ce qu’il y a d’amusant (mot bizarre à propos de Villemain) dans les rapports académiques, c’est l’étonnante conformité du style baveux, mel-