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RELATIVEMENT À SON TON EN PARLANT DE CHATEAUBRIAND

Les Villemain ne comprendront jamais que les Chateaubriand ont droit à des immunités et à des indulgences auxquelles tous les Villemain de l’humanité ne pourront jamais aspirer.

Villemain critique surtout Chateaubriand pour ses étourderies et son mauvais esprit de conduite, critique digne d’un pied-plat qui ne cherche dans les lettres que le moyen de parvenir. (Voir l’épigraphe.)

Esprit d’employé et de bureaucrate, morale de domestique.

Pour taper sur le ventre d’un colosse, il faut pouvoir s’y hausser.

Villemain, mandragore difforme s’ébréchant les dents sur un tombeau.

Toujours criard, affairé sans pensées, toujours mécontent, toujours délateur, il a mérité le surnom de Thersite de la littérature.

Les Mémoires d’Outre-Tombe et la Tribune française lus ensemble et compulsés page à page forment une harmonie à la fois grandiose et drolatique. Sous la voix de Chateaubriand, pareille à la voix des grandes eaux, on entend l’éternel grognement en sourdine du cuistre envieux et impuissant.

Le propre des sots est d’être incapables d’admiration et de n’avoir pas de déférence pour le mérite, surtout quand il est pauvre. (Anecdote du numéro 30.)

Villemain est si parfaitement incapable d’admi-