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une telle phrase, elle en resterait paralysée.

Vous n’aimez pas la discrépance, la dissonance. Arrière les indiscrets qui troublent la somnolence de votre bonheur ! Vivent les ariettes de Florian ! Arrière les plaintes puissantes du chevalier Tannhäuser, aspirant à la douleur ! Vous aimez les musiques qu’on peut entendre sans les écouter, et les tragédies qu’on peut commencer par le milieu.

Arrière tous ces poètes qui ont leurs poches pleines de poignards, de fiel, de fioles de laudanum ! Cet homme est triste, il me scandalise. — Il n’a donc pas de Margot, il n’en a donc jamais eu. Vive Horace buvant son lait de poule, son falerne, veux-je dire, et pinçant, en honnête homme, les charmes de sa Lisette, en brave littératisant, sans diablerie, et sans fureur, sans œstus !

À propos de belles funérailles, vous citez, je crois, celles de Béranger. Il n’y avait rien de bien beau, je crois. Un préfet de police a dit qu’il l’avait escamoté. Il n’y a eu de beau que Mme Collet bousculant les sergents de ville. Et Pierre Leroux seul trouva le mot du jour : "Je lui avais toujours prédit qu’il raterait son enterrement."

Béranger ? On a dit quelques vérités sur ce grivois. Il y en aurait encore long à dire. Passons.