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neries françaises comparées à la poésie d’Henri Heine, de Byron et de Shakspeare, cela fait l’effet d’une serinette ou d’une épinette comparée à un puissant orchestre. Il n’est pas un seul des fragments d’Henri Heine que vous citez qui ne soit infiniment supérieur à toutes les bergerades ou berquinades que vous admirez. Ainsi, l’auteur de l’Ane mort et la Femme guillotinée ne veut plus entendre l’ironie ; il ne veut pas qu’on parle de la mort, de la douleur, de la brièveté des sentiments humains : "Ecartez de moi ces images funèbres ; loin de moi tous ces ricanements ! Laissez-moi traduire Horace et le savourer à ma guise, Horace, un vrai amateur de flonflons, un brave littératisant, dont la lecture ne fait pas mal aux nerfs, comme font toutes ces discordantes lyres modernes."

Pour finir, je serais curieux de savoir si vous êtes bien sûr que Béranger soit un poète. (Je croyais qu’on n’osait plus parler de cet homme.)

— Si vous êtes bien sûr que les belles funérailles soient une preuve du génie ou de l’honnêteté du défunt. (Moi, je crois le contraire, c’est-à-dire qu’il n’y a guère que les coquins et les sots qui obtiennent de belles funérailles.)

— Si vous êtes bien sûr que Delphine Gay soit un poète.

— Si vous croyez que le langoureux de Musset soit un bon poète.

Je serais aussi curieux de savoir ce que fait le nom du grotesque Viennet à côté du nom de Banville.

— Et, à côté d’Auguste Barbier, Hégésippe


(i) Jules Janin avait opposé l'iiidifFérence publique où Heine s'était éteint, au deuil aational qu'avait cause la mort de Béranger.