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les maîtres de sa jeunesse." Il me semble que j’adoucis le passage en voulant le traduire.Je crois, Monsieur, que l’auteur de cet article est un jeune homme qui ne sait pas encore bien distinguer ce qui est permis de ce qui ne l’est pas. Il prétend qu’il épie toutes mes actions ; avec une bien grande discrétion, sans doute, car je ne l’ai jamais vu.L’énergie que Le Figaro met à me poursuivre pourrait donner à certaines personnes mal intentionnées, ou aussi mal renseignées sur votre caractère que votre rédacteur sur le mien, l’idée que ce journal espère trouver une grande indulgence dans la justice le jour où je prierais le tribunal qui m’a condamné de vouloir bien me protéger.

Remarquez bien que j’ai, en matière de critique (purement littéraire), des opinions si libérales que j’aime même la licence. Si donc votre journal trouve le moyen de pousser encore plus loin qu’il n’a fait sa critique à mon égard (pourvu qu’il ne dise pas que je suis une âme malhonnête), je saurai m’en réjouir comme un homme désintéressé.

Monsieur, je profite de l’occasion pour dire à vos lecteurs que toutes les plaisanteries sur ma ressemblance avec les écrivains d’une époque que personne n’a su remplacer m’ont inspiré une bien légitime vanité, et que mon cœur est plein de reconnaissance et d’amour pour les hommes illustres qui m’ont enveloppé de leur amitié et de leurs conseils, — ceux-là à qui, en somme, je dois tout, comme le fait si justement remarquer votre collaborateur.

Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.