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à Bruxelles. Rien à voir, et des chemins impossi- bles.

Innombrables lorgnons. Le pourquoi. Remarque d’un opticien. Etonnante abondance de bossus.

Le visage belge, ou plutôt bruxellois, obscur, informe, blafard ou vineux. Bizarre construction des mâchoires. Stupidité menaçante.

La démarche des Belges, folle et lourde. Ils mar- chent en regardant derrière eux et se cognent sans cesse.

3. — Bruxelles. La vie, tabac, cuisine, vins.

La question du tabac. Inconvénients de laliberté.

La question de la cuisine. Pas de viandes rôties. Tout est cuit à l’étuvée. Tout est accommodé au beurre rance (par économie ou par goût). Légumes exécrables (soit naturellement, soit par le beurre). Jamais de ragoûts. (Les cuisiniers belges croient qu’une cuisine très assaisonnée est une cuisine pleine de sel.)

La suppression du dessert et de l’entremets est un fait signalétique. Pas de fruits (ceux de Tour- nai — d’ailleurs sont-ils bons? — sontexportés en Angleterre). Il faut donc en faire venir de F’rance ou d’Algérie. Enfin, le pain est exécrable, humide, mou, brûlé.

A côté du fameux mensonge de la liberté belge et de \di propreté belge, mettons le mensonge de la vie à bon marché en Belgique.

Tout est quatre fois plus cher qu’à Paris, où il n’y a de cher que le loyer.

Ici, tout est cher, excepté le loyer.

Vous pouvez, si vous en avez la force, vivre à la belge. Peinture du régime et de l’hygiène belges.