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alors 23 ans. Dans l’édition posthume de ses œu- vres, — qui, soit dit en passant, est loin d’être complète — se trouve à la suite de lïans Pfaall une fort sing-ulière note dont je veux faire l’analyse, et qui montrera aux lecteurs que cette publication a intéressé un des enfantillai^es de ce g-rand génie.

Poe passe en revue différents ouvrages qui ont tous le même objet, — un voyage dans la lune, — une description de la lune, etc.. — des ouvrages- canards, ou, — comme ils disent, ces Américains qui aiment tant à être dupés, — des hoaxes. Pofe se donne la peine de démontrer combien tous ces ouvrages sont inférieurs au sien, parce qu’ils man- quent du caractère le plus important, je dirai tout à riieure lequel.

Il commence par citer le Moon Siory ou Moon- Hoax de M. Locke, qui n’est pas autre chose, je présume, que ces malheureux Animaux dans la lune, qui, il y a vingt ans à peu près, ont fait aussi leur bruit sur notre continent déjà trop américain. Il commence d’abord par établir que son Jeu d’es- prit a été publié dans le Southern Literary Messen- fjer trois semaines avant que M. Locke ne publiât son canard dans le New- York Sun. Quelques feuilles ont accolé et publié simultanément les deux ouvrages, et Poe s’offense, à bon droit, de cette parenté imposée.

Pour que le public ait pu gober le Moon-Hoax de M. Locke, il faut que son ignorance astronomi- que dépasse la vraisemblance.

La puissance du télescope de M. Locke ne peut pas rapprocher la lune, située à 240.000 milles de la terre, suffisamment pour y voir des animaux, des fleurs, pour y distinguer la forme et la couleur