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Une religion au Cinquième. — C’est l’histoire, la description de la pot-bouille d’une religion moderne, la peinture au naturel de quelques-uns de ces misérables, comme nous en avons tous connu, qui croient qu’on fait une doctrine comme on fait un enfant, sur une paillasse, le Compère Mathieu à la main et que ce n’est pas plus difficile que ça.

Le dernier volume est dédié à Balzac. Il est impossible de placer des œuvres plus sensées, plus simples, plus naturelles, sous un plus auguste patronage. Cette dédicace est excellente, excellente pour le style, excellente pour les idées. Balzac est en effet un romancier et un savant, un inventeur et un observateur ; un naturaliste qui connaît également la loi de génération des idées et des êtres visibles. C’est un grand homme dans toute la force du terme ; c’est un créateur de méthode et le seul dont la méthode vaille la peine d’être étudiée.

Et ceci n’est pas à mon avis propre un des moindres pronostics favorables pour l’avenir littéraire de Champfleury.

Ce dernier volume contient Feu Miette, histoire, véridique comme toujours, d’un charlatan célèbre du quai des Augustins. — Le Fuenzès, une belle idée, un tableau fatal et qui porte malheur à ceux qui l’achètent !

Simple histoire d’un rentier, d’un lampiste et d’une horloge, — précieux morceau, constatation des manies engendrées forcément dans la vie stagnante et solitaire de la province. Il est difficile de mieux peindre et de mieux dessiner les automates ambulants, chez qui le cerveau, lui aussi, devient peintre et horloge.

Van Schaendel, père et fils : Peintres-natura-