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LES CONTES DE CHAMPFLEURY

CHIEN-CAILLOU, PAUVRE TROMPETTE, FEU MIETTE[1]


Un jour parut un tout petit volume, tout humble, tout simple, au total, une chose importante, Chien-Caillou, l’histoire simplement, nettement, crûment racontée, ou plutôt enregistrée, d’un pauvre graveur, très original, mais tellement dénué de richesses qu’il vivait avec des carottes, entre un lapin et une fille publique : et il faisait des chefs-d’œuvre. Voilà ce que Champfleury osa pour ses débuts : se contenter de la nature et avoir en elle une confiance illimitée.

La même livraison contenait d’autres histoires remarquables, entre autres : M. le Maire de Classy-les-Bois, au sujet de laquelle histoire je prierai le lecteur de remarquer que Champfleury connaît très bien la province, cet inépuisable trésor d’éléments littéraires, ainsi que l’a triomphalement démontré notre grand H. de Balzac, et aussi dans son petit coin où il faudra que le public l’aille chercher, un autre esprit tout modeste et tout retiré, l’auteur des Contes normands et des Historiettes baguenaudières, Jean de Falaise (Philippe de Chennevières), un brave esprit tout voué au travail et à la religion de la nature, comme Champfleury, et comme lui élevé à côté des journaux, loin des effroyables dysenteries de MM. Dumas, Féval et consorts.

  1. 18 janvier 1848, signé Charles Baudelaire.