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Celte affaire resserre encore plus la liaison du marquis avec M^^^de Timey,et c’est dans un tête-à- tête intime, où Wolfçanjj lui reproche son étrange caractère, qu’elle lui raconte son ancienne histoire.

Le comte de Timey, qui était un homme très intelligent et très corrompu, a été l’amant de sa mère, femme d’un autre émigré français, M™^ d’Evré. Avant de mourir, après sa confession, M. le comte de Timey a voulu épouser M^’’’ d’Evré, qui était peut-être, et probablement même, sa fille. La nuit de noces. Le moribond a employé sa nuit de noces a enseigner à sa femme sa corruption morale et sa corruption politique. Il lui a dit finalement : Ma chère fille^ je laisse dans votre âme virginale ^expérience d’un vieux roué. Et puis il est mort. Ainsi elle s’est trouvée à la fois, et subitement riche, veuve quoique vierge, et pleine d’expé- rience quoique innocente.

Wolfgang, profondément attristé, se récrie ; il prétend qu’il y a encore du bonheur possible ; que l’âme de sa maîtresse peut rajeunir ; qu’il se sent, lui, plein de jeunesse et de confiance, et qu’il ne s’agit que de noyer toutes ces impressions funèbres dans le bonheur présent et dans un mariage immé- diat.

jVIme de Timey, revenant à ses rêves d’ambi- tion, pose une condition à ce mariage : c’est que Wolfgang verra le roi et le comte d’Artois, et quittera le i»" houzards pour entrer aux gardes du corps. {Il est évid^.^l qu’il est facile, dans cette partie, d" jaire reparaître chez M"^’ de Timey le i^cre du marquis, le comte de Cadolles, qui, naturellement, doit appuyer les projets et les pro- ositions de celle-ci.)