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Le domesliquc répond par des banalités dignes de sa pauvre intelligence, — qu’il est inconcevable que monsieur soit malheureux avec un si grand nom, avec une si grande fortune ; que lui, pauvre diable, qui cependant est un homme, saurait être heureux à moins, etc.

« Voilà des Zingaris et des voleurs d’ânes, tra- qués par des hommes de police. Ils sont certes dans un grand danger ; cependant, je parierais pres- que qu’ils ont des éléments de bonheur que je ne connais pas. Au fait, je voudrais nous en assurer. Le lieu est désert. Si nous donnions un coup de main à ces braves gens, et si nous rossions la police, nous pourrions les connaître. Cette race bizarre a pour moi le charme de l’inconnu.

— Ah ! monsieur, dit le domestique, il n’y a pas de domestique, en Espagne, à qui son maître im- pose d’aussi bizarres aventures que celles où vous [voulez] me mêler. Que votre volonté soit faite ; mais quel singulier divertissement pour un grand seigneur que de risquer sa vie pour sauver des filous  ! »

CAMP DES ZINGARIS DANS LA MONTAGNE