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sent, me fait l’effet d’un homme roulant sur une pente, et qui, voulant se raccrocher aux arbustes, les arracherait et les emporterait dans sa chute.

Avant tout, être un grand homme et un saint pour soi-même.

*

De la haine du peuple contre la beauté. Des exemples : Jeanne[1] et Mme  Muller.

*

En somme, devant l’histoire et devant le peuple français, la grande gloire de Napoléon III aura été de prouver que le premier venu peut, en s’emparant du télégraphe et de l’Imprimerie nationale, gouverner une grande nation.

Imbéciles sont ceux qui croient que de pareilles choses peuvent s’accomplir sans la permission du peuple, — et ceux qui croient que la gloire ne peut être appuyée que sur la vertu !

Les dictateurs sont les domestiques du peuple, — rien de plus, un foutu rôle d’ailleurs, et la gloire est le résultat de l’adaptation d’un esprit avec la sottise nationale.

*

Qu’est-ce que l’amour ? Le besoin de sortir de soi.

L’homme est un animal adorateur. Adorer, c’est se sacrifier et se prostituer.

  1. Jeanne Duval, qui tint une si grande place dans la vie et les affections du poète.