Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cisme, trait d’union entre le paganisme et le christianisme. Le paganisme et le christianisme se prouvent réciproquement.

La révolution et le culte de la Raison prouvent l’idée du sacrifice.

La superstition est le réservoir de toutes les vérités.

*

Il y a dans tout changement quelque chose d’infâme et d’agréable à la fois, quelque chose qui tient de l’infidélité et du déménagement. Cela suffit à expliquer la Révolution française.

*

Mon ivresse en 1848. De quelle nature était cette ivresse ? Goût de la vengeance. Plaisir naturel de la démolition. Ivresse littéraire ; souvenir des lectures.

Le 15 Mai. Toujours le goût de la destruction. Goût légitime, si tout ce qui est naturel est légitime.

Les horreurs de Juin. Folie du peuple et folie de la bourgeoisie. Amour naturel du crime.

Ma fureur au coup d’État. Combien j’ai essuyé de coups de fusil ! Encore un Bonaparte ! Quelle honte !

Et cependant tout s’est pacifié. Le Président n’a-t-il pas un droit à invoquer ?

Ce qu’est l’Empereur Napoléon III. Ce qu’il vaut.

Trouver l’explication de sa nature, et sa providentialité.