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Il ne déchire pas sa proie
Avec ses ongles ; met sa joie
À montrer qu’il sait employer
À table fourchette et cuiller ;
Il néglige de s’essuyer,
Mais porte paletot, culottes,
Chapeau, chemise même et bottes ;
Fait de dégoûtantes ribottes [sic] ;
Dégueule aussi bien que l’Anglais ;
Met sur le trottoir des engrais ;
Rit du Ciel et croit au progrès
Tout comme un journaliste d’Outre-
Quiévrain[1] ; — de plus, il peut foutre
Debout comme un singe avisé.

Il est donc très civilisé.


La mort de Léopold I.

[I]


Le grand juge de paix d’Europe[2]
A donc dévissé son billard !
(Je vous expliquerai ce trope[3]).
Ce Roi n’était pas un fuyard
Comme notre Louis Philippe.
Il pensait, l’obstiné vieillard,
Qu’il n’était jamais assez tard
Pour casser son ignoble pipe.[4]

  1. Les gens d’outre-Quiévrain, c’est sous ce nom qu’en Belgique on désigne communément les Français.
  2. Surnom donné à Léopold par la niaiserie politique française. Rengaîne [sic].
  3. Ce vers est adressé aux Belges. Voir la note de M. Proudhon sur l’ignorance des Belges relativement aux figures de Réthorique [sic].
  4. Autre figure empruntée à l’argot parisien.