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226 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

longtemps pour jouir de la transformation de son fils se retrouve dans bien des lettres à celle-ci ; la confiance en Dieu, nous avons vu et verrons encore Baudelaire s’y exhorter vingt fois ; la division de ses ressources en quatre parts était déjà en projet p. 80, et la suppression de tout excitant p. 83 , etc. La multiplicité de ces recoupements ne fait d’ailleurs que rendre plus difficile de dater ce fragment. Jeanne n’y étant pas nommée, on doit le croire postérieur à la séparation définitive des deux amants (début de 1862), c’est là tout ce qu’on peut en dire.

MON CŒUR MIS A NU, p. 85.

Le peu que l’on sait de ce livre resté à l’état de projet se trouve dans la correspondance de l’auteur, surtout dans les lettres à M me Aupick. Nous ne saurions donc mieux faire que de reproduire ou de résumer, à l’instar de nos devanciers, tous les passages de ces recueils qui y ont trait.

Ce qui m’a surtout sauvé du suicide, c’est deux idées qui te paraîtront bien puériles. La première, c’est que mon devoir était de te fournir des notes minutieuses pour le paiement de toutes mes dettes, et qu’ainsi il fallait d’abord aller à Honjleur, où sont classés tous mes documents, intelligibles pour moi seul. La seconde, l’avouerai-je ? c’est qu’il était bien dur d’en finir avant d’avoir publié au moins mes œuvres critiques, si je renonçais aux drames (il y en a un second projeté), aux romans, et enfin à un grand livre auquel je rêve depuis deux ans : Mon Cœur mis à nu, et où j’entasserai toutes mes colères. An ! si jamais celui-là voit le jour, les Confessions de J[ean- J[acques Rousseau] paraîtront pâles. Tu vois que je rêve encore. Malheureusement pour la confection de ce livre singulier, il aurait fallu garder des masses de lettres de tout le monde, que j’ai, depuis 20 ans, données ou brûlées. (Correspondance générale, t. III, p. 266-267, 1" avril 1861.)