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Les contes normands et historiettes baguenaudières par Jean de Falaise


Les amateurs curieux de la vraie littérature liront ces deux modestes petits volumes avec le plus vif intérêt. L’auteur est un de ces hommes, trop rares aujourd’hui, qui se sont de bonne heure familiarisés avec toutes les ruses du style. — Les locutions particulières dont le premier de ces volumes abonde, ces phrases bizarres, souvent patoisées de façons de dire hardies et pittoresques, sont une grâce nouvelle et un peu hasardée, mais dont l’auteur a usé avec une merveilleuse habileté.

Ce qui fait le mérite particulier des Contes normands, c’est une naïveté d’impressions toute fraîche, un amour sincère de la nature et un épicuréisme d’honnête homme. Pendant que tous les auteurs s’attachent aujourd’hui à se faire un tempérament et une âme d’emprunt, Jean de Falaise a donné la sienne, la sienne vraie, la sienne pour de bon, et il a fait tout doucement un ouvrage original.

Doué d’une excentricité aussi bénigne et aussi amusante, l’auteur a tort de dépenser tant de peine à pasticher des lettres de Mme de Scudéry. En revanche, M. de Balzac contient peu de tableaux de mœurs aussi vivants que : Un Souvenir de jeunesse d’un Juré du Calvados, et Hoffmann pourrait, sans honte, revendiquer le Diable aux îles. — Et tout ceci n’est pas trop dire. Oyez et jugez.