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L’avidité ou l’orgueil mal entendu travaillent donc contre eux-mêmes, quand ils veulent rejetter sur le simple ouvrier des campagnes le poids des impôts arbitraires : ce poids retombe tout entier sur le prix de leurs héritages, mais il n’y retombe qu’après avoir opéré la ruine de la Classe cultivatrice, qu’après avoir diminué la population de cette espece d’hommes les plus laborieux de la société, qu’après avoir excité tous ceux qui peuvent s’instruire et s’enrichir, à quitter le plutôt qu’il est possible un état de misere et d’avilissement.

[165] Pour comble d’erreur, la plupart des systêmes de la fiscalité moderne assimilent en ce point les chefs mêmes de la culture et des autres exploitations productives aux simples manœuvres qu’ils emploient dans leurs atteliers.

Ces fléaux destructeurs de l’exaction arbitraire et flétrissante, chassent donc sans cesse des campagnes la postérité des fermiers riches, actifs et intelligents, et dans le même-tems ils empêchent que cette race précieuse de fermiers ne se repeuple par la prospérité, par l’émulation des ouvriers de l’art productif plus habiles et plus heureux, qui la recruteroient sans cesse dans un Empire où le systême fiscal, respectant leur liberté personnelle, et le prix de leur travail journalier, leur laisseroit l’espoir et l’aisance de s’élever eux ou leur postérité jusqu’à cette qualité de cultivateur en chef.

Toutes les exactions qui tombent sur [166] l’une et l’autre division de la Classe cultivatrice sont donc en effet une spoliation de l’art productif, et c’est ainsi qu’on les appelle dans le langage économique.

C’est à-dire, que ces charges avilissantes et ruineuses pour la Classe productive de l’État, tendent à la rendre sans cesse moins nombreuse, moins riche, moins active, moins habile : que leur effet immédiat et infaillible est par conséquent la dégradation de la culture et des autres exploitations productives, par conséquent la diminution des récoltes, par conséquent la diminution de la masse des subsistances et des matieres premieres, par conséquent la diminution de la somme totale des jouissances utiles et agréables, qui font la propagation et le bien-être de l’espece humaine sur la terre.

Malheur donc aux propriétaires fonciers et aux mandataires quelconques de l’autorité souveraine ; malheur aux [167] Ouvriers de