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ARTICLE II.

Seconde division de la première Classe.

No. Premier.

Des fonctions de l’Administration privée.

L’administration publique et souveraine dispose la totalité du sol de l’État à la plus grande prospérité progressive des arts qui caractérisent les États policés, en y formant les grandes propriétés communes, les rivieres navigables, les ports, les villes et les autres édifices publics, en les entretenant et les perfectionnant de plus en plus.

L’administration privée des peres de familles dispose d’une maniere plus prochaine chaque partie du même sol à cette prospérité, en y formant des propriétés particulieres, des domaines cultivables, des fonds productifs, tels que les terres, les bois, les prés, les vignes, [101] les pêcheries, les mines, les carrieres, et autres semblables héritages privés, qu’on appelle propriétés foncieres.

Sur la surface du sol le plus fécond en lui-même, la nature seule n’offre à l’industrie de l’homme cultivateur, que des obstacles à vaincre. Les terres incultes et sauvages, sur lesquelles on n’a point fait de grands travaux pour extirper les pierres, les plantes, les racines, pour bien mélanger les diverses couches, pour les rendre accessibles aux influences de l’air, pour y procurer l’écoulement des eaux par une pente convenable, par des fossés et des rigoles, pour les entretenir dans un état de fraîcheur et de température par de bons abris, tels que les hayes, les plantations bien entendues d’arbres fruitiers ou d’autres : ces terres quoique cultivées péniblement avec des soins assidus, par un grand nombre de Colons, ne produiroient qu’une petite quantité de [102] fruits, dont la récolte seroit difficile, et la qualité médiocre.

Au contraire, sur un sol naturellement pareil, mais préparé par de grands travaux fonciers, et bien pourvu des édifices nécessaires à son exploitation, un très petit nombre d’hommes peut faire naître et recueillir une récolte infiniment meilleure et plus abondante.

Il est donc évident que tous les arts productifs et tous les arts stériles se fixent et prosperent de plus en plus, à proportion que la