d’autrui, que de travailler soi même pour acquérir des jouissances légitimes.
Dans le vrai, l’usurpation et la violence sont les moyens les plus couteux, les plus dangereux, les plus odieux pour chaque individu, puisqu’ils engendrent [27] la haine, la vengeance, les représailles, les combats : au moins la crainte, le péril et les remords.
Ils sont évidemment tout en perte pour l’espece humaine prise en général, puisque tout usurpateur pourroit créer ou mériter légitimement les objets propres à ses jouissances, et cela souvent sans être obligé d’employer autant de force, d’adresse et de tems qu’il en met pour préparer, pour exécuter, pour pallier ou soutenir ses usurpations.
Il n’en est pas moins vrai que dans la fougue des desirs, l’homme est malheureusement enclin à l’usurpation, à la violence, à la fraude. Et c’est-là ce qui rend nécessaire la protection publique ou la puissance tutélaire.
L’utilité de la protection ou de l’autorité garantissante, (sur tout quand elle est précédée de l’instruction qui rend communément les hommes meilleurs, en les rendant plus éclairés et plus in[28]dustrieux) ; cette utilité, dis-je, vient de ce que dans les États policés, lorsque la puissance publique est bien organisée ; lorsqu’elle est par-tout présente, agissante, imposante, elle prévient et réprime les attentats de la violence ou de la fraude privée, par une justice exacte ; elle contient ou repousse les usurpateurs du dehors, par la force militaire de l’état et par l’efficacité de ses relations politiques avec de bons et fidéles alliés.
3o Enfin, l’administration comprend tous les travaux tant généraux que particuliers, qui disposent le sol ou le territoire d’un État à l’exercice, à la prospérité de tous les arts féconds ou productifs, puis de tous les arts stériles qui en sont l’effet.
La nécessité de cette administration se tire de ce que la terre inculte et sauvage a besoin de préparations, pour devenir un empire organisé, une société policée.
[29] Car il faut y former des propriétés particulieres, c’est-à-dire, des portions de terres toutes prêtes à recevoir la culture, à produire abondamment, à être récoltées commodément. Ce qui suppose, comme tout le monde sait, les défrichements ou l’enlevement des obstacles naturels opposés à la culture, à la fécondité, à la facilité des récoltes ; (tels que les pierres, les sables, les buissons), l’extir-