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[19] Les richesses industrielles sont donc une portion des richesses naturelles, et pour analyser avec exactitude, avec précision, il faut dire, les productions toutes simples forment la masse générale des richesses. Elles viennent d’abord entre les mains de l’art productif qui les arrache à la fécondité de la nature, c’est-là le tout. Mais quelques-unes de ces productions, qui ne sont qu’une partie du même tout, passent entre les mains de l’art stérile qui leur donne une forme : voilà les richesses de durée.

Toute la masse des richesses est donc crée d’abord par l’art fécond ou productif ; l’art stérile ou infécond, ne fait donc que varier la maniere de jouir des richesses naturelles.


No. VI.
De l’Art social.


Quand on réfléchit sur l’état actuel de [20] l’art fécond ou productif, et de l’art stérile ou non productif, dans les grands empires policés ; on voit que l’un et l’autre ne doivent leur développement, leur perfection qu’à la société.

J’appelle société les communications des hommes entr’eux, la combinaison de plusieurs intelligences, de plusieurs volontés, de plusieurs forces réunies et tendantes au même but ; les relations multipliées par l’instruction, par l’exemple, par l’émulation.

Pour que l’industrie productive et l’industrie façonnante fleurissent dans un État ; il faut que les hommes sachent, il faut qu’ils veulent, il faut qu’ils puissent se livrer aux travaux de l’art fécond, à ceux de l’art stérile.

Savoir, suppose l’instruction, l’exemple ou le loisir de réfléchir et d’inventer.

Vouloir, suppose la liberté d’opérer, et la certitude de profiter de son travail.

Pouvoir, suppose des moyens de dé[21]penser par avance, des instruments, des préparations, des secours.

Si vous supposez les hommes bruts, ignorants et stupides ; si vous les supposez sans cesse occupés à se dépouiller, à se déchirer, à se détruire : si vous supposez qu’ils ne se prêtent aucun secours,