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que reçoivent les matieres premieres, et par la consommation des subsistances que font les ouvriers, en donnant ces formes aux matieres.

Cette observation est absolument nécessaire pour éviter un double emploi qu’on fait souvent dans le calcul des richesses d’un État.

On dit communément qu’il y a deux sortes de richesses, les unes naturelles, les autres industrielles, ou formées par l’industrie des arts stériles. On appelle quelquefois les unes richesses primitives, les autres richesses secondaires. Il y a dans cette maniere de parler un fonds véritable, mais quand on ne s’explique pas plus clairement, il peut en résulter de doubles emplois dans le calcul des richesses, et de très grandes erreurs dans toutes les parties de la théorie politique ; erreurs qui sont la source [17] de plusieurs fautes graves dans la pratique de l’administration.

Dans la réalité il y a deux manieres de jouir des productions naturelles, soit matieres premieres, soit subsistances. L’une de ces manieres est de les employer ou consommer de telle sorte qu’il n’en reste plus rien ; que toutes ces productions soient absolument détruites, et ne procurent plus aucune autre jouissance : telles sont toutes les consommations qu’on fait en ne travaillant pas aux ouvrages de durée.

L’autre maniere consiste à façonner une portion des matieres, en consommant d’autres productions naturelles ; de telle sorte qu’il reste un ouvrage solide capable de procurer des jouissances.

Mais il y auroit plus que de la confusion, il y auroit de l’erreur à ne pas observer que tout le réel se réduit néanmoins aux productions de la nature ; [18] que de ces productions une portion a péri par la consommation, l’autre portion reste avec une forme qui procure certaine jouissance.

Pour mieux concevoir l’identité parfaite de ces deux prétendues especes de richesses ; donnez-moi toutes les richesses naturelles (ou toutes les productions nées et à naître dans leur état brut, de simplicité primitive ; toutes les subsistances, toutes les matieres premieres) que ce soit là mon lot. Prenez pour le vôtre en idée toutes les richesses industrielles, et tâchez de la réaliser cette idée. Voyez si vous n’êtes pas obligé de venir prendre à mon lot, d’abord chaque objet réel, dont vous devez former le vôtre, c’est-à-dire toutes les matieres premieres et toutes les subsistances ; puis même, si vous