du savoir, de l’émulation, des moyens que vont apporter sur ce sol les entrepreneurs en chef de ces travaux fructifiants et leurs coopérateurs. Une même ferme, exploitée par un cultivateur pauvre et mal-habile, donnera dix fois moins de produit net que sous la main d’un laboureur opulent et savant dans cet art, pere des autres, qu’on commence enfin à connoître et à considérer à-peu-près comme il doit l’être. Le sort de la classe cultivatrice regle donc manifestement celui des propriétaires fonciers. Tant plus il existe d’hommes instruits et de richesses d’exploitation, tant plus valent nécessairement les héritages fonciers, tant plus ils donnent de produit net aux propriétaires. Qu’on juge par-là combien elle étoit déraisonnable et désastreuse, cette ignorance des propriétaires fonciers qui se prêtoient autrefois avec tant de facilité, et même de plaisir, aux institutions et aux pratiques politiques, judiciaires ou fiscales, qui chargeoient de chaînes, et même d’opprobre et de servitude, la classe cultivatrice toute entiere, jusqu’aux plus riches et aux plus habiles des entrepreneurs et directeurs en chef, dont l’attelier de culture, autrefois si peu considéré, vaut souvent dix fois plus que le fonds de ces manufactures fastueuses, qui font illusion à l’ignorance des citadins soi-disant politiques. Mais le sort de toute la classe stérile, et des quatre divisions qui la composent, n’est pas plus indifférent aux propriétaires fonciers que celui des cultivateurs. Car si le savoir, la richesse, l’émulation de la classe productive reglent la valeur du produit net des héritages ; l’art, l’aisance, la bonne volonté des ouvriers façonneurs, des voituriers, des négociants, des hommes capables de rendre les services personnels, font jouir de ce produit net, et reglent la variété, l’agrément, l’utilité de ces jouissances, qui font le bien-être des hommes sur la terre. Il est encore d’une souveraine évidence, qu’après avoir supposé tout le territoire d’un vaste etat vivifié par les plus grandes avances foncieres de l’administration privée, couvert de richesses d’exploitation habilement employées, comblé par conséquent de la plus opulente récolte de toute espece de productions naturelles, soit subsistances, soit matieres premieres, vous n’avez point encore la mesure précise et caractéristique des jouissances, qui procureront à
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