arbitraire lui-même, ou de ses ministres inférieurs, y sont fréquentes, et ne peuvent manquer de l’être. L’orgueil qu’inspire l’idée du pouvoir sans regle et sans mesure, l’avidité des jouissances agréables dont l’habitude est si facile à contracter dans un pareil état ; sur tout l’ignorance profonde des loix, de la justice essentielle, et de l’ordre bienfaisant de la nature qui en fait le caractere, sont des sources trop abondantes de volontés destructives, pour que la treve salutaire soit générale et continuelle en faveur du peuple entier ou des personnes privées, et c’est là ce qui rend infaillible la désolation de ces empires. Car enfin, l’effet de cette guerre fondamentale et des hostilités fréquentes qui en résultent, est évidemment que le peuple n’a ni le savoir, ni le vouloir, ni le pouvoir de perfectionner les avances foncieres, les travaux productifs et les opérations des arts stériles, et que les mandataires du pouvoir oppresseur substitué à l’autorité, au lieu d’employer leurs forces, leurs talents personnels et les revenus publics, à lui procurer l’instruction, l’émulation, l’aisance, les facilités, ne les emploient qu’à le rendre plus ignorant, plus craintif et plus incertain sur son existence et sur ses possessions, plus dénué de moyens, de vigueur et de courage. Une seule idée manque au despotisme arbitraire, c’est celle des propriétés, qui concilie d’une maniere si simple, si naturelle, les idées d’autorité souveraine et de liberté sociale dans les vraies monarchies, et qui opere une si parfaite unité d’intérêt, une si heureuse harmonie dans les relations politiques entre le prince et ses sujets, comme nous allons le développer.
N⁰II. Principes fondamentaux des Monarchies Economiques.
La loi naturelle de la justice qui prohibe les délits, c’est-à dire, qui défend que nul homme se procure le bien-être personnel au préjudice d’un autre, soit par usurpation de ses propriétés, soit par empêchement mis à l’usage de sa liberté ; l’ordre naturel de la bienfaisance générale essentielle, qui fournit aux hommes les moyens efficaces et multipliés de se procurer le bien-être personnel, non seulement sans délit, c’est-à-dire, sans usurpation des propriétés, sans violation ou empêchement des libertés, mais encore en opé