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C’était jusqu’alors des fortifications rudimentaires et bien longue serait l’énumération des travaux successivement entrepris pour la mise en état du Fort. Ils durèrent plus de 30 ans et un historien les a évalués 6 millions de francs[1].

De Blénac l’habita. On y transféra le pavillon royal et Saint-Pierre ne fut plus le siège du Gouvernement.

Saint-Pierre et sa rade ouverte offraient certes moins de sécurité que le Fort Royal et la baie qu’il protège, mais il semble vrai aussi que Blénac avait pour cette résidence une préférence personnelle, s’il faut en croire de Caylus qui écrivait le 4 août 1694, en apostille d’une lettre du Gouverneur Général :

« M. de Blénac loge au Fort Royal dans une vieille maison de bois, il est vray qu’il a un logement à Saint-Pierre qui couste dix mille écus au Roy, mais le séjour de Saint-Pierre ne lui plaist pas, et si j’avais voulu démolir ce bâtiment sur un ordre verbal et sous prétexte de se servir des bois pour la construction de la charpente des magasins, il y a tantôt deux ans qu’il ne serait plus en nature. J’ay eu plusieurs fois la confusion secrète de voir introduire les Estrangers dans une maison qui a plus l’air d’une case à nègres que du logis d’un Gouverneur et Lieutenant Général et cela m’a donné la pensée de destiner la salle E pour lui faire un appartement conforme à sa dignité[2]. »

L’Intendant Robert exprimait la même opinion le 12 Mai 1696. « Il n’y a dans ce fort qu’un logement pour le Lieutenant Général qui est très médiocre ».

Il existait déjà, du reste, un plan de Payen de 1682 concernant « le logement du Roy au dedans du Fort Royal de la Martinique » et un autre plan qui parait remonter à 1686 ou 1687 « du logement à faire dans le Fort Royal pour le Lieutenant Général des îles[3] ».

  1. Baas et Blénac, 1936, par M. J. Rennard, page 157.
  2. Archives Ministère des Colonies n° 78.
  3. Archives Ministère des Colonies n°29 et 47.