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truction du Fort ». Il fut alors prévu un impôt qui permettrait d’avoir la main-d’œuvre nécessaire à l’entier achèvement du Fort et le Receveur des droits de capitation Cerberet fut chargé de le recouvrer[1].

Les premiers travaux étaient achevés en cette même année 1672, et déjà, le 19 juillet 1674, le Fort était attaqué par une flotte hollandaise de 48 vaisseaux sous les ordres de l’Amiral Ruyter. Malgré ces forces considérables, les 161 Français enfermés dans la citadelle et commandés par le Gouverneur de Sainte-Marthe et deux vaisseaux, « Les Jeux » et « Saint-Eustache », capitaines d’Amblimont et de Beaulieu, ont bouleversé la manœuvre ennemie et ont fait perdre la partie par « le fameux chef d’escadre des Provinces Unies, celui dont le pavillon était réputé invincible sur toutes les mers[2] ».

L’assaut contre le Fort a été repoussé par le capitaine de Cacqueray et l’enseigne de Martignac[2].

C’est pendant celle lutte héroïque que tomba le vieux compagnon de d’Esnambuc, l’intrépide et valeureux Guillaume d’Orange.

Les Hollandais regagnèrent leurs vaisseaux pendant la nuit, laissant sur le rivage les cadavres de quatre cent trente-trois des leurs et l’étendard du Prince, tandis que, de leur côté, les Français évacuèrent le fort dans la crainte d’une nouvelle attaque.

« Personne ne resta sur le rivage hormis les morts et les blessés hollandais, personne dans le Fort excepté un Suisse qui, ayant trop bu la veille, dormit tranquillement sans rien entendre et s’éveilla le lendemain, tout surpris de se trouver ainsi maître de la forteresse, sans amis ni ennemis[3] ». Hasard plaisant : ce Suisse s’appelait… Le Tonnelier[4].

  1. Annales du Conseil souverain, tome 1er, pages 135 et suivantes.
  2. a et b Revue des Deux Mondes, 15 juillet 1927, page 400. La France des cinq parties du monde par Octave Homberg.
  3. Histoire inédite de la Martinique par un avocat du Gros-Morne, J. O. Martinique, 25 juin 1834.
  4. Rapport de Baas du 28 août 1674, arch. min. col. n° 7.