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le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE de bestial et la grande bouche mince avait l’inquié- tant, l’indéfinissable demi-sourire de certaines têtes khmères. Les yeux ne se découvraient jamais tout à fait ; on les voyait briller comme de l’émail noir dans une fente étroite entre le double ourlet des paupières. Voilà un individu qu’on ferait bien de sur- veiller, songea le visiteur. Il doit être curieux des secrets de ses maîtres. Je suppose que c’est lui qui nettoie le laboratoire. Si vraiment Raoul a fait des trouvailles intéressantes pour le traitement de ses moûts, l’autre me paraît fort capable d’en voler les formules pour les vendre à des concurrents. Il faudra que j’avertisse mon cousin. — CHAPITRE XIV 89 Ff Après le dîner, toute la famille s’installa près de la monumentale cheminée du salon, où brûlait un clair feu de bois. Les jeunes filles, qu’on avait peu entendues pendant le repas, se mirent à bavarder. Bobette s’était perchée, comme un oiseau dont elle avait les mouvements brusques et gracieux, sur le bras arrondi du grand fauteuil de cuir où Raoul d’Armancé venait de s’enfoncer béatement. Le pétit Maxime s’installa de l’autre côté et les bras paternels enlacèrent à la fois les deux enfants. Car, en dépit de ses seize ans, Bobette avait l’air d’une gamine. Son joli visage gardait une rondeur pué- rile et ses cheveux châtains couvraient de courtes