Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/60

Cette page n’a pas encore été corrigée
58
le mort s’est trompé d’étage

58 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE Car on doit bien avoir, là-bas, les empreintes du faussaire. Et maintenant, la jeune Françoise ne va plus tarder. Quel rôle a-t-elle joué, celle-là ? Françoise Thélusson arriva peu après, en effet. Dans sa robe de cretonne fleurie, sous son grand chapeau de paille, elle avait l’air si enfant que Lam- blin eut un mouvement d’incrédulité en songeant à la phrase de Solange à propos d’une vilaine histoire où Mile Thélusson « était compromise ». Pourtant, sa présence, pratiquement sur les lieux du crime… Il observa son entrée, la façon dont elle le salua, s’assit, rangea le carton à dessin qu’elle portait. Elle joignait à l’aisance de manières, à la politesse gracieuse d’une jeune fille bien élevée, une désin- volture voulue qui masquait, il le devina, une terreur secrète. Brusquement, il attaqua : Mademoiselle, quand je vous ai mise avant- hier en présence de l’homme assassiné dans l’ascen- seur, pourquoi m’avez-vous dit que vous ne le connaissiez pas ? Il portait cependant un costume qui devait vous être familier, puisqu’il avait appar- tenu à votre beau-père ? Le fard léger dont elle avait frotté ses pom- mettes parut soudain se détacher, flotter en avant du visage devenu blême. Elle se ressaisit pour- tant : - Ce costume n’avait rien de très frappant. Je le voyais mal, dans l’ombre de l’ascenseur. Quant à l’homme, ma mère a cru reconnaître notre ancien maître d’hotel. Mais je ne suis pas sûre du tout que ce soit lui. Et mon petit frère non plus. « Pas mal, se dit Lamblin. Voyons la suite. >> Il se pencha sur la table qui les séparait. -