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le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE 45 7 Mais c’est bien lui, n’est-ce pas ? Vous le reconnaissez ? demandait Lamblin un peu a gacé. Oh ! c’est bien lui, mais avec cette blessure, cette figure toute défaite, il est tellement changé… Oh ! ce pauvre Victor ! Il n’avait pas de marques, de signes particu- liers ? - Si, tenez, ce grain de beauté à la naissance du cou. Et cette tache brune à l’épaule. Cette cicatrice au bras ? Il se l’était faite en passant la main dans un carreau cassé. Lamblin se pencha tout à coup et flaira la tête du cadavre. Mais il ne sentit qu’un fade relent de cheveux gras, mêlé à l’odeur fétide, écœurante de la chair morte. Il se redressa perplexe. Les mèches qui pendaient en dents de scie sur la nuque mon- traient que le défunt avait négligé depuis un bon mois de les faire couper, et, en été, on se lave fré- quemment la tête… Tandis que le parfum était resté dans le feutre, ou la bande de cuir du cha- peau, qui s’en étaient imprégnés. Est-ce que Victor n’avait pas l’habitude de se faire faire des frictions au nº 5 de Molyneux ? Oui, toujours. Mais on voit bien que de long- temps i n’était allé chez le coiffeur. Oh ! quelle horreur ! Laissez-moi m’en aller, ça me rend ma- lade. 1 - Lamblin la regarda de coin. Pour une personne qui pleurait, elle avait le teint bien blanc. Elle écarta un instant son mouchoir ; il n’y avait pas trace de larmes dans ses beaux yeux. Il vous a abandonnée, après la mort de Mme Van Laar ? Il ne vous a même pas écrit ? —