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le mort s’est trompé d’étage

26 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE Tout en parlant, il défaisait la toile noire qui enveloppait le veston, en prenant soin de ne pas découvrir la partie tachée de sang. — Ah ! je reconnais le costume, en effet. Après la mort de mon mari, je l’ai donné, avec bien d’autres choses, linge et vêtements, à notre maître d’hôtel et valet de chambre Victor Maravon. Est-il encore à votre service ? Non, depuis mon veuvage, j’ai dû changer notre train de vie. Vous avez eu mon adresse rue Saint-Guillaume, sans doute ? Parfaitement, madame. Dans ce cas, un simple coup d’œil doit vous faire comprendre la situation… — Madame, je suis navré de vous avoir obligée à évoquer des souvenirs pénibles. Je m’en veux ! J’aurais désiré que cette enquête vous causât un minimum d’ennuis. 1 Elle sourit légèrement. « Ah ! ah ! la glace fond, pensa-t-il. » Du moins avez-vous l’avantage inestimable d’avoir devant vous un des plus beaux spectacles du monde, dit-il en regardant par la porte-fenêtre qui s’ouvrait sur un étroit balcon. Au premier plan s’étendait la verdure profonde du jardin, avec son palais, ses escaliers et ses ba- lustres. Puis la ville se déployait dans une brume mauve et lourde qui était comme l’haleine de Paris. Au loin, devant une tour Eiffel arachnéenne, le soleil du matin faisait étinceler des ors aux arêtes d’un dôme illustre. Mme d’Armancé se tourna vers le policier, tout à fait conquise. N’est-ce pas que c’est admirable ? C’est une